ALEXANDRE-FRANÇOIS DESPORTES (1661-1743)
Par son maître Nicasius Bernaert,un élève de Frans Snyders, Alexandre-François Desportes est introduit dans le milieu des peintres flamands à Paris et prend connaissance de cet art réaliste dont sa peinture porte la marque jusqu’à la fin de sa brillante carrière. Louis XIV le nomme « peintre de sa vénerie» et même si Jean-Baptiste Oudry vient rompre son monopole de représentations de chasses vers 1723-1725, les commandes ne cesseront d’affluer jusqu’à son décès en 1743.
Cette paire d’imposantes scènes de vénerie faisait partie du décor d’une belle demeure à Châtillon,surnommée la Folie-Desmares, acquise en 1708 par le banquier suisse Antoine Hogguer, baron de Presles, pour sa maîtresse, la célèbre actrice Charlotte Desmares (1682-1753).
La Chasse au sanglier a été exécutée en 1704, soit trois ans avant son pendant. Desportes reprend le sanglier et quelques chiens d’une composition de Frans Snyders (collection particulière). Une étude préparatoire pour le chien blessé au premier plan que Desportes avait également copié d’après un tableau de Snyders (musée de Besançon) et qui est restée dans l’atelier de l’artiste jusqu’à sa mort est aujourd’hui conservée à La Manufacture nationale de Sèvres. Comme Snyders, Desportes se servait d’un certain nombre d’études de chiens qu’il utilisait dans diverses compositions. L’attitude des chiens blancs au canon allongé au centre de la composition fait sentir la course effrénée à laquelle ils se livrent. L’intensité dramatique du moment s’exprime dans le regard féroce des trois chiens qui les suivent à droite.
Dans l’Hallali de cerf, Desportes met en scène un cerf dominé par une meute de chiens, à la lisière d’un bois. Le paysage est particulièrement soigné dans cette œuvre, et le travail d’après nature se fait ressentir. La dense végétation de la forêt comprend quelques branches de chêne et un sureau en fleurs et, près du cours d’eau au premier plan, l’artiste a détaillé des molènes blanches, fleurs symboles de la force et du courage. Le beau paysage réaliste qui s’étend à perte de vue à gauche, d’une sensibilité toute moderne, a été mis en relation avec une étude de paysage exécutée par l’artiste d’après nature.
Dans les deux compositions,on est frappé par l’expressivité et la vivacité des chiens de meute, le rendu riche et précis de leur pelage et de leurs yeux.